Exploitation pétrolière de Bemolanga : Un danger inévitable pour la population locale
Vendredi, 20 Août 2010
Midi Madagasikara
Les premiers barils de pétrole issus de l’exploitation proprement dite du pétrole non conventionnel dans le site de gisement de grès bitumineux de Bemolanga par la compagnie française E&F seront attendus en 2019. « Le pays aura encore ainsi neuf ans à réfléchir quelles mesures doivent être à prendre car les dangers causés par cette activité pétrolière sont inévitables pour la population locale et sur l’environnement ». Macdonald Stainsby, un journaliste canadien environnementaliste spécialisé notamment en exploitation de pétrole non conventionnel, l’a annoncé lors d’une conférence de presse hier tout en évoquant le bilan de ses investigations à Bemolanga la semaine dernière, et ce, en compagnie de l’équipe de la plate-forme de la société civile, l’Alliance Voahary Gasy.
Tarissement des ressources en eau. Il se réfère à un véritable désastre écologique qui se déroule à ciel ouvert sur l’exploitation du plus grand gisement de grès bitumineux du monde dans la province d’Alberta au Nord du Canada. En effet, la production de pétrole nécessite l’utilisation intensive de ressources en eau. « Il faut exploiter 3 à 5 barils d’eau par jour pour obtenir 1baril de pétrole et extraire 2 tonnes de terre alors que la capacité de production du Canada est de 1,5 million barils/j», a raconté cet environnementaliste. Mis à part le tarissement de ces ressources, c’est aussi contaminé par des métaux lourds et bien d’autres molécules provoquant diverses maladies tels le cancer, la leucémie, l’arrêt cardiaque et l’affection cutanée à la population locale. « Une petite communauté composée de 1000 habitants vivant auprès du site est la première victime car 20 personnes sont déjà décédées l’an dernier à cause d’une maladie inexplicable », a témoigné Mac Donald Stainsby. « Vivant aussi des animaux de chasse, leur viande devient violette avec une odeur de métal, sans parler des mousses et des produits de pêche qui deviennent impropres à la consommation », a-t-il rajouté.
Aucune solution trouvée. Les eaux usées issues de cette exploitation de pétrole deviennent également toxiques et doivent être stockées pendant 600 ans pour avoir son état naturel. Cependant, les fuites de ces eaux toxiques dans les nappes phréatiques ne sont pas impossibles. « Aucune solution n’a été trouvée jusqu’ici par le gouvernement canadien et les grands groupes pétroliers du monde pour remédier à ce problème qui a en même temps des effets sur le changement climatique avec une forte émission de carbone », d’après toujours ce reporter. A Bemolanga, la rivière située à 1km d’Ambohinara sera exploitée par la compagnie alors que c’est la seule source d’eau pour la population locale et ses bétails qui sont destinés à la consommation pour la Capitale. L’AVG avec le WWF effectuent déjà une mission sur terrain pour évaluer l’état de santé de la population locale avant le démarrage de l’exploitation et une supervision stricte des industries extractives est de mise, compte tenu de ces dégâts sociaux et environnementaux irréversibles, a conclu Razakamanarina Ndranto, le Président de cette plate-forme.
Navalona R.