Exploitation pétrolière : Le projet Bemolanga met en danger l’environnement
20 août 2010
MATV-- Madagascar
L’exploitation de pétrole sur le site de Bemolanga constitue un danger non seulement pour l’écosystème, mais également pour la santé. C’est ce qui ressort de les investigations menées par le Canadien Macdonald Stainsby, journaliste environnementaliste et spécialiste en investigations. Dans le courant de la semaine du 5 août dernier, il s’est rendu dans cette partie Ouest de l’île, dans le village d’Amboanary plus précisément, avec pour objectif de constater de visu les procédures d’extraction du pétrole effectuées par le géant Total qui dispose de puits de 70 mètres de profondeur. D’après ce journaliste, le site est riche en grès bitumineux. Par conséquent, il a constaté que l’extraction requiert une gigantesque quantité d’énergie et d’eau et que cela en fait l’un des pétroles les plus polluants de la planète.
Un baril de pétrole équivaut à 2 tonnes de grès bitumineux avant son passage à la raffinerie, alors que la transformation d’un baril de cette roche nécessite près de 5 barils d’eau. Le pétrole de Bemolanga est de ce fait qualifié de pétrole « non conventionnel ».
Notre journaliste veut tirer la sonnette d’alarme sur les conséquences négatives de ce genre d’exploitation sur l’homme et sur l’environnement. « La région, avec son unique rivière, n’arrivera jamais à fournir la quantité d’eau nécessaire aux besoins de Total, estimés à 200 000 litres par jour, dans la transformation du grès bitumineux. Au rythme de la production, cette région sera rapidement confrontée à un phénomène de sécheresse sans précédent », a noté ce spécialiste originaire du Canada. S’ajoute à cela le fait que cette eau deviendra inutilisable après 2 à 3 traitements et devra être stockée dans de gigantesques dépôts aménagés à même le sol, à proximité du site.
Cette eau ne retrouvera sa pureté qu’après 600 ans. « Des risques de fuites sont à craindre. Si les eaux usées, qui contiennent du métal lourd et du carbone polycyclique rejoignent les nappes phréatiques, elles pourront infecter les rivières avoisinantes. Ce qui constitue un danger pour la population, les poissons ainsi que les animaux d’élevage », a fait remarquer Macdonald Stainsby. Le journaliste canadien, par la même occasion, a indiqué que les sites d’exploitation non conventionnelle sont facteurs de cancer, entre autres, comme tel est actuellement le cas du Canada. Les conséquences de l’exploitation de ce pétrole sont également facteurs de changements climatiques, favorisés par l’émission de gaz à effet de serre.
Ayant collaboré de près avec Macdonald Stainsby, l’association écologiste « Voahary Gasy », depuis quelques semaines, a mené une enquête sur les lieux. Ndranto Razakamanarina, président de cette association a tenu à souligner qu’il ne s’agit en aucun cas d’interférer sur les affaires de l’Etat étant donné que le site ne sera opérationnel qu’en 2019, mais que les révélations de ce spécialiste, fondées sur les réalités du Canada, consistaient seulement à alerter l’opinion sur les dangers que représente ce système d’exploitation.
L.R